C'est dans une ambiance décontractée que le réalisateur a répondu aux questions de NewsCiné.
Découvre vite ses réponses !
Comment est venue l'idée de faire ce thriller Mea Culpa ?
Fred Cavayé : Le lendemain de la sortie d'A bout portant mon producteur m'a dit : « Comme A Bout Portant est la suite de Pour Elle, que le film est né des envies que tu avais sur Pour Elle, il faut que tu fasses la synthèse des deux, il faut que tu retournes vers plus d'émotions tout en gardant le coté efficace de l'action et même peut-être aller plus loin. »
Je lui ai alors dit : « Il faudrait prendre Vincent et Gilles ».
Pourquoi ce choix de réunir Vincent Lindon et Gilles Lellouche ?
Fred Cavayé :J'ai cherché quelle histoire pouvait les réunir pour faire un vrai film d'amitié et un vrai beau duo de cinéma. En ayant travaillé avec l'un et l'autre, je savais que ça allait marcher et je voulais les réunir. Mon co-scénariste avait travaillé avec Olivier Marchal sur un scénario mais ils ont abandonné le projet. J'ai demandé à Marchal si je pouvais reprendre son idée en la tordant et en faisant quelque chose d'assez éloigné de ce qu'ils avaient envie de faire. Il m'a gentiment donné l'autorisation donc j'ai commencé à travailler sur ce qui est devenu Mea Culpa, un film d'amitié et de rédemption.
Pendant l'écriture, vous pensiez déjà à ces acteurs ?
Fred Cavayé : Oui. Même si c'est dangereux, je voulais des comédiens qui me fassent entièrement confiance car ça allait être difficile, ils allaient devoir mouiller le maillot et se faire mal pour qu'à l'image ça rende vraiment bien. Je pars du principe que c'est toujours les bons comédiens qui jouent à l'arrivé dans le film donc s'ils m'avaient dit non, c'est que ça n'aurait pas été les bons comédiens. Mais comme ils m'ont dit oui, ce sont les bons comédiens !
Qu'est-ce que ça vous apporte de faire jouer des acteurs que vous avez déjà dirigés ?
Fred Cavayé :Cela apporte énormément pour ce type de film car dès la première prise du premier plan ils vous font confiance. Quand vous demandez à un comédien de s'impliquer comme je leur demande de s'impliquer, de courir un semi-marathon par jour, de se faire mal, que la sueur que vous voyez à l'écran soit de la vraie sueur, il faut qu'ils soient intimement persuadés qu'à l'image ça vaut le coup.
Comme ils avaient déjà fait un film avec moi, cette confiance que j'aurais dû gagner avec un autre comédien, là elle était déjà gagnée.
- On peut aller plus loin du coup ?
Fred Cavayé : Oui. Comme je les connais mieux, j'ai pu demander plus à Vincent et Gilles. On n'est plus dans un rapport réalisateur/comédien mais dans autre chose. On se voit dans la vie, on est potes, on a appris à se connaître. Le dialogue est beaucoup plus direct.
- Ca peut avoir ses limites ?
Fred Cavayé : Le seul inconvénient, c'est qu'on oublie un peu la diplomatie. C'est comme les gens qui travaillent en couple. Entre le réalisateur et la comédienne par exemple, il y a souvent une rupture après le tournage car on a plus cette retenue obligatoire qu'on a avec quelqu'un qui n'est pas votre intime. Bon après, je ne suis pas en couple ni avec Gilles, ni avec Vincent. (Rires)
Il y a des moments où l'on s'engueulait vraiment, pour se réconcilier dans la seconde. C'est assez drôle, on s'engueule plus vite avec eux, mais on se réconcilie plus vite. Ce n'est que du jeu.
Vous dites que Mea Culpa est une synthèse de Pour Elle et A bout portant, c'est une façon de boucler la boucle ?
Fred Cavayé : Oui vraiment, car cela va déclencher d'autres envies de cinéma.
On voit qu'il y a un sentiment de contrôle quand on vous entend parler et quand on suit votre carrière. Demain, pourriez-vous réaliser sans écrire et avoir une maîtrise en moins sur l'histoire ?
Fred Cavayé : Je ne crois pas. Ce n'est pas que je ne fais pas confiance. C'est que c'est un tel avantage quand vous avez écrit l'histoire. Vous connaissez les tenants et les aboutissants de tout. Même dans mon rapport avec les comédiens, je peux répondre à toutes leurs questions dans l'instant. Si j'adapte un scénario déjà existant, je n'aurais pas ce truc et je me sentirais désarmé. Si après, on m'amène un excellent scénario, je le fais.
On parle déjà du remake U.S, il se murmure même que c'est peut-être vous qui allez le réaliser ? Vrai ?
Fred Cavayé : Cette info est sortie et c'est de ma faute parce que je me suis mal exprimé. J'ai dit à un journaliste que je ferais bien un film américain, mais si je l'écrit. Je suis allé voir des studios et j'ai dit « Si vous voulez remaker mon film, pourquoi ne pourrais-je pas le faire directement ? ». La journaliste a compris que j'allai faire le remake de Mea Culpa. Ce n'est absolument pas ça que j'ai voulu dire.
Mais on ne sait pas, pourquoi pas le faire si le scénario américain me donne envie. Il faudrait qu'il y ait de nouvelles choses, des choses que je n'ai pas explorées. Il y a des remakes d'A Bout Portant, un coréen, un indien, un américain et le script de l'américain est très bien. Il y a des choses encore plus ludiques. Par exemple, le personnage de Gilles n'est plus infirmier mais ambulancier et aux Etats-Unis c'est ce dernier qui vous emmène directement à l'Hôpital. Cela permet de rentrer dans le dur directement et c'est super.
Quelle était l'ambition qui vous animez pendant le tournage du film ?
Fred Cavayé : Déjà, réussir l'entreprise dans laquelle je m'étais embarqué. Le film est ambitieux dans un genre très peu visité ici, c'est-à-dire le film d'action. Ici on ne fait pas ça parce qu'on n'a pas forcément les moyens donc dès le début on m'a dit que je plaçais peut-être la barre un peu trop haute. Mais je savais que je ne devais pas redescendre sinon ça ne vaudrait pas le coup. Si j'y vais, je tente vraiment des trucs spectaculaires et je n'y vais pas à moitié. J'ai eu peur jusqu'au bout de ne pas tenir ce cahier des charges. Finalement, le film est encore mieux que ce que j'avais imaginé. Je suis comme un artisan qui construirait sa table et maintenant j'aimerai bien manger dessus.
La particularité de vos films c'est qu'il y a très peu de dialogue, que pensez-vous que ça apporte ?
Fred Cavayé : En France, nous avons une culture très littéraire et nous parlons beaucoup alors que le cinéma c'est raconter une histoire à base d'images. Les comédiens m'ont appris à moins dialoguer parce qu'ils peuvent jouer les choses. A la première lecture avec Vincent, il m'a dit « Tu vois cette phrase, je peux la jouer donc elle ne sert à rien. » A partir de ce moment, j'ai élagué à un point où Mea Culpa est très peu dialogué. Il n'y a pas plus beau que le silence. Au cinéma il se passe plus de choses dans le regard et dans ce qui ne se dit pas que dans les dialogues.
Quels ont été les meilleurs moments du tournage ?
Fred Cavayé : Il y en a beaucoup. C'était intense. Dès le premier jour, quand ils sont tous les deux à l'image, ça veut dire que vous y êtes, vous avez commencé. Et puis ils sont biens, ils forment un vrai duo de cinéma.
Et les plus difficiles ?
Fred Cavayé : Il y en a énormément. Tout était difficile car je savais que ça pouvait être un bon film et chaque plan est une pièce de puzzle. Et pour que ce puzzle soit magnifique, il fallait que j'aie chaque pièce. J'étais souvent transi de peur de ne pas obtenir ces plans mais quand je les avais, je savais qu'on ne pourrait plus me les prendre. C'était très anxiogène et on a fait le front tous ensemble.
Sur le tournage qui était le plus casse cou entre Gilles Lellouche et Vincent Lindon ?
Fred Cavayé : Les deux parce que je leur demande de beaucoup s'impliquer. 95% des cas ce sont eux, la preuve étant à l'image, dans le film ils sont toujours de face. Ils s'impliquent tellement qu'à un moment, il faut les freiner car quand un comédien s'implique, ce n'est pas lui qui a mal mais le personnage. Et là ça devient dangereux.
Le plus en retard ?
Fred Cavayé : Moi ! C'était tellement compliqué à faire qu'ils ont passé leur temps à m'attendre.
Si ce n'est pas pour le boulot, ils peuvent être en retard. Quand il s'agit de tourner un film, c'est tellement cher à faire qu'ils sont là.
Le plus Farceur ?
Fred Cavayé : Les deux. Ce sont des bons camarades de tournée. D'ailleurs je me méfie quand j'ai un coup de téléphone, je me demande si ce n'est pas eux qui ont fait une connerie. Comme c'était compliqué physiquement et psychologiquement, on s'est bien marrés. Pour les films dramatiques, on a besoin de rire entre les prises. Après, on ne peut pas faire un film d'amitié si on ne s'aime pas vraiment.
Vous avez fait des avant-premières en province, quels ont été les premiers retours et ceux qui vous ont marqué ?
Fred Cavayé : Très bon. Ils sont surpris à pleins de point de vue. Il n'y a pas ce type de film en France. Ils n'ont jamais vu Vincent dans ce type de film. Ils avaient déjà vu Gilles dans A Bout Portant. Les retours sont bons et comme c'est un film français et qu'ils n'ont jamais vu ça, ça décuple tout. Ils sont cramponnés à leur siège et c'est super. Les gens ont des réactions physiques, il y a une tension indescriptible.